Il y a quelques années, au mois d'août, il a pris le chemin et s'est mis en marche pour Saint Jacques de Compostelle. Parti de chez lui, à une vingtaine de kilomètres de Grenoble, il a parcouru environ 1 800 km jusqu'à la capitale de la Galice. Cela a duré 10 semaines : 6 en France, 4 en Espagne. De Grenoble, il s'est rendu au Puy-en-Velay, puis a suivi l'itinéraire du GR65. Côté Espagnol, il a pris le parcours le plus classique du "chemin français".
Jusque là, rien de bien original, par rapport aux milliers de marcheurs qui se lancent chaque année. Plus de 215 000 pèlerins sont arrivés à Compostelle en 2013, disent les statistiques officielles ! Cependant, Eric se distingue de la plupart des marcheurs car il a choisi d'emmener avec lui un compagnon peu banal.
Il s'agit de Calou, le plus beau, le plus gentil de tous les ânes du pays.
Le souhait d'Eric était d'être autonome dans son cheminement et donc de transporter son matériel de bivouac. Or, tente, tapis de sol, sac de couchage, vêtements, un minimum de ravitaillement, réserve d'eau, cela pesait trop lourd. La solution : trois sacoches étanches sur le dos de Calou. L'âne est, lui, parfaitement autonome, puisqu'il se nourrit de l'herbe des chemins ; il suffit d'un seau, pour pouvoir lui donner à boire, et d'un kilo de sel.
Au début, les étapes sont assez courtes : une vingtaine de kilomètres par jour. Et puis, au fur et à mesure de la progression, le corps se fait, l'endurance augmente. L'essentiel est de marcher sans forcer, avancer à son rythme et laisser faire la nature... Peu à peu des rituels quotidiens s'installent. Par exemple, après avoir essuyé un orage, passé la nuit assis sur son pliant en s'abritant sous une bâche et retrouvé au matin toutes ses affaires trempées, Eric ne laissera par la suite plus jamais ses sacoches ouvertes ! Si Eric s'accorde quelques jours de pause en France, une fois passées les Pyrénées, il parcourt le reste du chemin en marchant tous les jours. Il peut même parcourir sans souci 30 à 35 km dans la journée. Aussi, il pèse 20 kg de moins à l'arrivée qu'à son départ...
Côté français, Eric dort souvent à la belle étoile. Il s'est fixé pour règle : à partir de 5 heures, l'après-midi, chercher un endroit où dormir. Et s'arrêter au premier trouvé. Une fois par semaine, Eric fait halte dans un gîte : indispensable pour la douche et la lessive. Une fois en Espagne, à partir de Puente la Reina, le chemin devient plus fréquenté et l'offre d'hébergement pour les pèlerins plus abondante : cela devient plus facile de trouver un vrai lit. On fait aussi beaucoup de rencontres sur le chemin. Si dans la journée, chacun marche à son rythme, on se retrouve le soir au gîte...
En tant que spécialiste des chaussures étudiées pour marcher, Eric accorde une très grande importance à ce qu'il porte à ses pieds. Il est indispensable d'en prendre grand soin si on veut parcourir tant de kilomètres. Premier conseil : ne pas partir avec des chaussures neuves. Eric a opté pour des chaussures légèrement montantes, pour protéger ses chevilles, car il se tord facilement les pieds et il redoute plus que tout une entorse. Ensuite, prévoir une deuxième paire, pour le soir, à l'étape. Là, on aère ses souliers de marche, on sèche, on masse, on bichonne ses pieds, pour qu'ils soient en forme pour repartir le lendemain !
Eric est intarissable sur son aventure. Il ne rêve d'ailleurs que de repartir à pied, sur les chemins. De tout ce qu'il raconte, il y aurait matière à écrire encore et encore. D'ailleurs, certains ont fait un livre de leur expérience de pèlerin. Si vous êtes dans le coin, poussez la porte de sa boutique de Grenoble et dites : "Compostelle". Eric vous racontera longuement ses aventures, avec des étoiles dans les yeux.
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